Alors que le cw-Doppler ne permet pas de distinguer les signaux de vaisseaux voisins situés dans le même cône acoustique, le système duplex, également appelé Doppler pulsé, permet de mesurer la vitesse exacte d'un segment de vaisseau réglé par échographie. Les avantages de ces appareils sont donc évidents. Outre les mesures de vitesse dans le vaisseau, il est possible d'analyser la courbe de pouls (figure 3.1). Cet examen n'est également utile que dans le cadre du test SKAT, dont l'importance centrale pour le diagnostic est de nouveau soulignée [3]. Pour l'échographie duplex pénienne, des fréquences sonores d'au moins 7,5 MHz ou plus sont alors utiles. Les caractéristiques du vaisseau sain sont de fortes pulsations vasculaires (toutefois déjà visibles sur l'image B), un diamètre de vaisseau de 1 mm après injection et une vitesse maximale supérieure à 25 cm/sec [5] (fig. 3.2). L'inconvénient des appareils conventionnels est la mauvaise reconnaissance de l'artère dorsale du pénis. La seule mesure de la vitesse des vaisseaux sans tenir compte de la morphologie des vaisseaux peut en outre conduire à des interprétations erronées, car des vitesses élevées sont souvent mesurées précisément dans la zone de sténose. En revanche, un vaisseau obstrué au niveau proximal du corps caverneux peut présenter une dilatation suffisante induite par les médicaments, mais seules de faibles vitesses de vol sont trouvées. Ainsi, les deux critères, la dilatabilité d'un vaisseau et la vitesse de vol du sang mesurée, doivent être considéré dans l'évaluation de la fonction vasculaire. L'échographie duplex conventionnelle permet certes de voir les parties molles et la lumière des vaisseaux, mais elle ne donne qu'un aperçu indicatif du flux sanguin, car la mesure du déplacement de la fréquence n'est possible qu'à un seul endroit de l'image B. Cette méthode ne permet pas de saisir le flux sanguin sur toute la surface de l'image, en particulier pour les vaisseaux de petite taille.
Fig. 3.1 Principe de l'échographie duplex (tiré de [4]).
Fig. 3.2 a, b. Échographie duplex conventionnelle (curseur dans une artère profuse). a) Résultat normal, b) Artériopathie.
Dans l'échographie duplex à codage couleur, une évolution de l'échographie duplex, l'image du flux sanguin est superposée en couleur à l'image en niveaux de gris. Les signaux ultrasonores rétro diffusés par les cellules sanguines en mouvement sont codés en couleur en fonction de leur direction et de leur vitesse de déplacement. Les vaisseaux dorsaux et profonds sont ainsi visibles sur toute la surface de l'image, alors qu'avec les systèmes duplex conventionnels, le flux sanguin n'est toujours mesurable qu'à un seul endroit. L'ampleur du décalage de fréquence est représentée par l'intensité de la couleur et la direction du flux sanguin par deux couleurs différentes (rouge et bleu). Par exemple, un flux sanguin rapide en direction du transducteur est représenté en rouge clair, un flux lent s'éloignant du transducteur en bleu foncé. La direction et la vitesse du flux peuvent ainsi être évaluées qualitativement. La différence de saturation des couleurs sur l'image permet d'obtenir immédiatement une information semi-quantitative sur l'approvisionnement en sang et la vitesse du flux sanguin (fig. 3.3).
Les examens cliniques des patients souffrant de dysfonction érectile en cas de suspicion d'origine artérielle ont prouvé que la localisation et l'étendue des sténoses vasculaires des artères péniennes pouvaient être représentées dans les zones du corps caverneux accessibles à l'échographie. La représentation simultanée de modifications morphologiques (sténose, occlusion) et de paramètres fonctionnels (turbulences et augmentation de la vitesse d'écoulement dans la zone sténosée) permet de représenter les critères d'une lésion vasculaire, ce qui n'est possible avec aucun autre procédé d'imagerie. Pour la première fois, il a été possible d'obtenir un aperçu de l'alimentation des zones périphériques des corps caverneux par la représentation des artères hélicoïdales. L'imagerie sanguine en couleur a mis en évidence des schémas d'alimentation intracorporelle anormaux [1] en cas de vasculopathie artérielle pénienne (fig. 3.4). La méthode est toutefois limitée à la région du pénis. Les modifications vasculaires dans la région pelvienne comme cause possible d'une dysfonction érectile artérielle ne peuvent explicitement être représentées que par l'angiographie. La représentation d'anomalies vasculaires, telles qu'une artérialisation unilatérale des corps caverneux à partir de l'artère dorsale du pénis (fig. 3.5), a pu être réalisée pour la première fois grâce à ce procédé. En présence de malformations vasculaires notamment, le procédé ne peut cependant que décrire les résultats. Les résultats de l'imagerie et les paramètres de mesure ne permettent pas toujours de déterminer si l'anomalie n'est qu'une variante de la norme ou si elle est à l'origine du trouble érectile indiqué cliniquement. Les appareils dotés d'une option spéciale « slow-flow » permettent, non seulement, de mesurer le débit artériel pénien, mais encore le débit dans la veine dorsale du pénis profond. Toutefois, comme la fonction caverneuse est déterminante dans ce que l'on appelle « l'insuffisance veineuse », cette méthode ne pourra pas remplacer la cavernosométrie et la cavernosographie.
Fig. 3.4. Artérialisation d'une artère caverneuse à partir de l'artère controlatérale à travers le septum caverneux (flèche) en cas de sténose proximale.
Fig. 3.5. Artérialisation d'un corps caverneux à partir de l'artère dorsale (malformation vasculaire).
Fig. 3.6. Performance croissante de différents systèmes de double sonographie.
Les échographes duplex, associés au test SKAT, constituent actuellement la méthode diagnostique la plus performante pour détecter la vasculopathie artérielle pénienne. Les échographes à codage couleur sont supérieurs aux appareils conventionnels grâce à une meilleure représentation de l'anatomie vasculaire pénienne.
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